Delacroix

Alexandre Dumas

Dargaud

  • Conseillé par (Libraire)
    24 janvier 2020

    Après le légèreté et les grands espaces, Catherine Meurisse revisite la vie de Delacroix racontée par Alexandre Dumas (mais n'y voyez aucune contrefaçon).

    Richard


  • Conseillé par (Libraire)
    4 décembre 2019

    Visite guidée avec Alexandre Dumas !

    La dessinatrice revient avec ce « Delacroix » à ses premières amours: la peinture et la littérature. Signe de cette vie qui va mieux, elle reprend ici une première version de ce même ouvrage qu’elle réalisa en 2005 après sa sortie des Beaux Arts. Elle peut désormais se taire et laisser sa place aux écrivains qu’elle chérit. Qui mieux en effet que Alexandre Dumas pour raconter ? L’auteur prolifique déclame ici, en 1864, un après après la mort d’Eugène Delacroix, les souvenirs partagés avec celui qui défraya la chronique par ses tableaux où la couleur prit, pour l’une des premières fois, le pas sur le dessin: la flamboyance du rouge et du vert de Delacroix contre le dessin de Ingres.
    Un livre à classer dans les rayons « BD », « Beaux livres » ou « Histoire de l’art », un voisinage conforme à toute l’oeuvre d’une dessinatrice remarquable. qui popularise le Beau auprès du plus grand nombre.

    Eric

    Depuis l’attentat de « Charlie » Catherine Meurisse, comme Luz, Riss ou Philippe Lançon a eu besoin de se reconstruire, de dépasser le traumatisme. Après le magnifique « La légèreté » (voir chronique. classé sixième des BD des années 2010 par les Inrocks), et l’autobiographique « Les Grands Espaces » la dessinatrice revient avec ce « Delacroix » à ses premières amours: la peinture et la littérature. Signe de cette vie qui va mieux, elle reprend ici une première version de ce même ouvrage qu’elle réalisa en 2005 après sa sortie des Beaux Arts. Elle peut désormais se taire et laisser sa place aux écrivains qu’elle chérit. Qui mieux en effet que Alexandre Dumas pour raconter ? L’auteur prolifique déclame ici, en 1864, un après après la mort d’Eugène Delacroix, les souvenirs partagés avec celui qui défraya la chronique par ses tableaux où la couleur prit, pour l’une des premières fois, le pas sur le dessin: la flamboyance du rouge et du vert de Delacroix contre le dessin de Ingres.

    Dumas signe du Dumas et on ne s’ennuie pas une seconde à la lecture de ce texte qui pourrait avoir été écrit cette année tant la modernité du style et les questionnements demeurent d’actualité. On l’imagine, l’auteur des Trois Mousquetaires, déclamer ses tirades sur son ami « coloriste », pour qui il tente de « donner par l’analyse de son tempérament, une idée des productions de ce grand peintre qui tient à la fois de Michel Ange et de Rubens, moins bon dessinateur que le premier, moins bon compositeur que le second, mais plus fantaisiste que l’un et l’autre ».

    On comprend aisément que Catherine Meurisse qui aime la compagnie des grands écrivains et des grands peintres se soit appropriée cette allocution qu’elle accompagne de saynètes narratives si proches de ses dessins dans l’hebdomadaire satirique. Ils sont bien là ces petits personnages à l’encre noire, facilement identifiables, ces silhouettes qui s’effraient devant la modernité de Delacroix ou se gaussent et obligent le peintre à conserver plusieurs années durant dans son atelier des chefs d’oeuvre comme « La mort de Sardanapale » ou « L’exécution de Marino Faliero ». Aussi, comme pour réparer cette injustice, Catherine Meurisse s’empare notamment de ces tableaux pour les revisiter à sa manière, une manière colorée, agressive de beauté, véritable allégorie ou l’oeuvre originale subsiste, reconnaissable mais avec une ampleur nouvelle. Dans « La légèreté » elle s’était placée dans l’oeuvre abstraite de Rothko. Cette fois ci elle reste à l’extérieur du cadre, en spectatrice, actrice d’une nouvelle création dont elle ne craint plus rien mais qui lui apporte visiblement une forme de sérénité, elle qui depuis sa plus tendre enfance, fréquente les musées, heureuse d’observer l’art, ce « quelque chose qui fait vibrer le cœur, l’esprit » et dont elle dit que « c'est mon âme, mon carburant ».

    Libérée, l’auteure, l’est assurément et n’hésite pas à exacerber des détails des peintures originales. Les peintures explosent et elle n’a plu à se protéger derrière un humour corrosif. Plus radicale que le « maître », les formes se dissolvent souvent derrière des taches de couleurs qui effacent toute trace de dessin. Même si le mot lui fait peur encore, Catherine Meurisse réalise dans cet ouvrage de magnifiques tableaux, ces surfaces planes qui procurent émotion et vibration.
    Un livre à classer dans les rayons « BD », « Beaux livres » ou « Histoire de l’art », un voisinage conforme à toute l’oeuvre d’une dessinatrice remarquable. qui popularise le Beau auprès du plus grand nombre.