Un peu sorti des radars depuis que les éditions 13e Note ont sombré corps et biens, il est grand temps que Mark Safranko contre-attaque, avec ce premier recueil de nouvelles traduit en France.

Flirtant tantôt avec Carver, tantôt avec l'écriture urbaine désabusée que les Américains sont seuls à savoir rendre, Mark Safranko sait à peut près tout faire, avec un style faussement simple et des personnages vraiment tiraillés qu'il s'amuse à trimballer de galères en galères dans les rues de New York...

A découvrir. Vraiment.

S'il trouve tout à fait sa place dans les littérature de l'imaginaire, le gaillard se joue allègrement des règles et des frontières du genre. Il va piocher là dans la SF, ici dans le fantastique, ailleurs dans la fantasy, en interrogeant les grandes névroses de l'être humain...

Si les nouvelles sont AU MOINS bonnes, la plupart sont excellentes et certaines sont carrément inoubliables (Les Algorithmes de l'Amour, La ménagerie de papier), quand les plus courtes sont d'abord des exercices de style étonnants.

Bref. Un recueil qui part dans tous les sens, qui laisse souvent baba, et qu'il faut LIRE !

Serge Horowitz vivote. Depuis 43 ans maintenant. Hébergé par sa soeur, hypocondriaque, il est analyste dans une boîte de placements offshore ; un job que son frère, ministre de l'Economie, lui a dégoté. Ah j'oubliais, il est aphasique : de temps en temps, il n'est plus capable d'articuler un mot...

Un roman rythmé, qui met en scène une nuée de personnages délirants et de situations burlesques, pour mieux rire des arrières cours dégueulasses de la finance et de la politique.

En rire est la meilleure chose à faire, de toute façon. Quoi d'autre, sinon?

Le magicien Franceschini revient.

10 ans (10 ans!) après Dans les Veines ce fleuve d'argent, on le retrouve avec, encore une fois, une fable italienne pleine de vie et de beauté.

Iacopo est un fils de notaire pantouflard, qui s'ennuie sans s'en rendre compte. Son père Ippolito l'appelle sur son lit de mort, et lui confie la liste de ... ses 52 enfants cachés !
Charge à Iacopo de les retrouver. Il part alors à la rencontre de la face cachée (mais pas obscure) de son père, et se laisse emporter dans un irrépréhensible courant de couleur, de joie, de vie, qui s'appelle la liberté.

Magique...

Bon.

Quand on aime René Frégni, on en redemande. Dans ce roman, Frégni fait du Frégni : lyrisme et poésie d'un journal hors-du-temps dans l'arrière-pays provençal.

Le récit devient roman quand le journal poétique est distrait par l'irruption d'un détenu évadé auquel René Frégni prête son appartement en guise de planque, mettant le doigt dans un angoissant engrenage, où l'auteur, se mettant en scène, sent de plus en plus le risque de perdre le quotidien qu'il aime tant...

Au final un très bon texte, tombant subitement dans l'intranquillité et la tension, avec talent et subtilité.