Alex-Mot-à-Mots

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Alex L., lectrice compulsive, presque anonyme.
Ayant une préférence pour les bons polars, mais aimant aussi les autres genres (sauf la SF, pitié....)

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7 septembre 2023

esclavage, Etats-Unis

Comment vous parler de ce roman dense de 900 pages qui m’a happé pendant 3 jours ?

J’ai aimé Ailey, la narratrice, que l’on suit depuis son plus jeune âge jusqu’à l’âge adulte. J’ai découvert petit à petit sa famille : sa mère, bien sûr ; son père au grand coeur ; sa soeur aînée Lydia et la seconde Coco.

Je l’ai vu grandir dans une famille aimante mais dans laquelle la couleur de la peau est un problème : certaines de ses aïeules, blanches de peau, ne vivent pas dans le même quartier.

J’ai détesté Gandee, l’un des grands-pères, qui fait du mal à ses petites filles, ce qui détruit Lydia l’aînée.

J’ai eu de la peine pour Lydia qui peine avec ses études mais, grâce à sa mémoire photographique, est capable de coudre une robe magnifique rien qu’en regardant l’envers d’un modèle.

J’ai adoré les leitmotivs : le café qui couperait la croissance des enfants ; la femme aux cheveux longs qui apparait dans les rêves ; le petit bonhomme Joe grâce à qui tout commence et qui revient au fil des années guider certains personnages ; les pêches toujours présentes dans cet état ; le père qui incline ses mains paumes vers le sol pour apaiser la discussion ; les bruits de pet avec la bouche quand le personnage désapprouve.

J’ai découvert l’érudit W.E.B. du Bois dont des passages d’ouvrage sont cités en début de parties.

J’ai aimé les « chants », ces passages sur les ancêtres d’Ailey qui m’ont éclairé sur les métissages avec les indiens, avant les lois raciales.

J’ai découvert que les enfants esclaves ne travaillaient pas avant que leurs dents de devant ne tombent.

J’ai aimé la bande son du roman, même si je ne connaissais pas forcément tous les artistes cités. Mais je connais celle qui passait le plus souvent : Aretha.

J’ai été révolté par les jeunes Amies de Samuel, le maître de la plantation, le fait que tout le monde savait mais ne pouvait rien faire.

J’ai adoré le pacanier, le même au fil des ans, comme un repère dans la propriété, un arbre rassurant pour différents personnages au fil des générations.

J’ai découvert le scuppernong, un cépage du sud des Etats-Unis issu du musact.

J’ai aimé la maison de la lune dans laquelle se retrouve les femmes quand elles ont leur saignement. Ces saignements ayant un pouvoir que craignent les hommes.

J’ai été sidéré de certains comportements masculins dans le roman, certains franchement violents.

J’ai été parfois un peu perdu au milieu de ces personnages qui ont tous un lien de parenté. Heureusement, il y a un arbre généalogique en début de roman, mais cela ne m’a pas gêné, je me suis laissée porter par les femmes du récit.

J’ai aimé ce roman féministe noir (comme le dit l’autrice en fin d’ouvrage) qui met en scène des personnages plus vrais que nature auquel je me suis attachés (j’ai même versé quelques larmes quand certains mourait). J’ai aimé cette fresque historique qui retrace la destinée d’une famille noire américaine de l’esclave à nos jours.

Quelques citations :

… c’était toujours de la faute de la femme. Personne ne blâmait véritablement l’homme ; il était du sexe faible, celui qui ne pouvait contrôler ses envies. (p.378)

Mais une fois qu’une femme avait donné un enfant à un homme, celui-ci avait le droit d’aller et veni dans l’existence de cette femme comme bon lui semblait. (p.523)

L’image que je retiendrai :

Il est beaucoup question de nourriture dans ce roman : le nombre de poulets frits se compte en kilos, sans parler des côtelettes et des pains de maïs. La palme revient à la tarte à la patate douce dont j’ai fini par perdre le compte entre celles que les personnages font ou s’échangent ou achètent ou mangent.

Éditions Gallmeister

29,21
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7 septembre 2023

Etats-Unis

Je m’aperçois que c’est la première fois que je lis un roman de Dennis LEHANE. J’avais bien sûr vu les adaptations cinémas de certains de ses précédents romans, sans les lire.

J’ai trouvé son écriture déroutante de simplicité : l’auteur est efficace.

J’ai découvert le refus du busing : en 1974, des adolescents noirs devaient aller dans des lycées pour blancs, et inversement. Ils seraient transporter par bus entre les quartiers noirs et blancs. Evidement, les parents ne l’entendaient pas de cette oreille. Des manifestations ont eu lieu.

J’ai aimé que Mary Pat, le personnage principal, ouvre les yeux sur sa communauté qui la délaisse quand elle enfreins les règles ; sur la communauté noire qui ne lui veut pas du mal mais tente de vivre au mieux ; sur les idées reçus des deux communautés.

J’ai aimé Bobby, le flic revenu de tout, en admiration devant Mary Pat. J’ai aimé le voir tomber amoureux.

J’ai aimé la paire qu’il forme avec Vincent, son co-équipier plus impulsif et violent.

J’ai adoré Bess, la voiture de Mary Pat, fidèle destrier jusqu’au bout.

J’ai découvert nombres de groupuscules terroristes de l’époque aussi bien noirs que blancs.

En début de roman, j’ai souris lorsque l’auteur mettait en lumière les expressions toutes faites que l’on utilise dans le langage parlé quand on ne veut pas exprimer le fond de sa pensée : Tu sais… C’est des choses qui arrivent… C’est comme ça et pas autrement… Qu’est-ce qu’on peut y faire….

J’ai aimé qu’au travers de cette histoire de busing, l’auteur me parle des Etats-Unis : un pays où le melting-pot n’existe pas ; où la communauté n’est qu’une vaste idée pour maintenir les gens sous silence ; où ceux qui ont le pouvoir par la force sont aussi ceux qui organise le trafic de drogue et tue leur si chère communauté.

Une citation :

Mais vous vous en prenez aux nègres, qui sont aussi pauvres et autant dans la merde que vous, et vous vous persuadez que vous défendez quelque chose. (p.335)

L’image que je retiendrai :

Celle du silence insupportable qui suit la mort de la fille de Mary Pat : personne ne sait, personne ne dit rien.

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7 septembre 2023

jazz, poésie

Je n’aime pas le jazz qui part trop dans le délire, je le préfère plus classique, comme à ses débuts.

Mais l’auteur a réussi le tour de force non seulement d’écrire un roman conçu comme un morceau de jazz, mais en plus de m’avoir fait aime cette lecture.

J’ai eu un peu de mal, au début, entrer dans le rythme si particulier de ce livre, fait de répétition d’une phrase, de changement de sujet.

J’ai aimé les lettres du narrateur à sa fille Indira ; son amour pour sa femme Maisha malgré leur séparation.

J’ai souri du nom de son groupe de jazz : KGB.

J’ai aimé son rapport à Al, le chef de groupe, qu’il considère comme un père. J’ai aimé ses adresses à Miles, comme une adresse à Dieu.

J’ai adoré les jeux sur les mots et les sonorités, créant des images qui parlent plus que les deux mots accolés.

Enfin, j’ai aimé que cette lecture me parle du rapport au père : il en existe de tellement différent.

L’image que je retiendrai :

Les événements importants de la vie du narrateur se déroulent en automne.

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31 août 2023

20e siècle, Italie

Encore une fois, je n’ai pas vraiment apprécié un roman de cet auteur. Depuis Ma reine qui ne m’avait pas pleinement convaincu, mes autres lectures sont à l’avenant.

Je me faisais pourtant une joie de découvrir ce récit situé entre les deux guerres en Italie, la montée du fascisme, une famille Orsini intrigante.

Le personnage de Mimo ne m’a pas touché, qui va et vient entre les grandes villes italiennes, n’aime personne à part Viola.

J’ai en revanche aimé Viola, jeune fille rêveuse et femme de caractère malgré son attachement à sa famille dont elle ne partage pas le rapprochement avec le régime de Mussolini.

Alors oui, dès les premières pages, il est question du Futurisme, et Mimo en est l’incarnation : toujours en mouvement.
Alors oui, j’ai aimé l’amitié des jumeaux cosmiques Mimo-Viola (même si elle est fausse).
Alors oui, j’ai eu l’explication de l’omniprésence de l’échelle de Mercalli en fin de roman.

Mais j’ai trouvé l’amitié avec une plantigrade bien improbable.
J’ai trouvé un peu facile que ce soit Viola qui, grâce aux livres de son père, éduque Mimo.
J’ai trouvé que les répétitives scènes de beuverie n’apportaient pas grand chose.
J’ai trouvé rapidement le mystère de la Pietà, me demandant quand, enfin, il allait la sculpter.

J’ai trouvé que l’auteur de délayait un peu trop certains passages récurrents, et j’ai terminé en avance rapide.

L’image que je retiendrai :

Celle de la couleur verte associée à la famille Orsini : leur intérieur est vert et Viola écrit à l’encre verte.

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31 août 2023

amour, années 50

J’ai eu du mal à entrer dans ce roman, l’auteure parlant d’un sujet puis d’un autre. Le début m’a paru brouillon.

Et puis le récit prend son envol lorsque Madeleine, sa petite fille et son mari partent au Cameroun où il a trouvé du travail.

Nous suivons Madeleine dans sa phobie des microbes dont le boy Charlie se moque ; son ennuie dans cette ville de colonie (nous sommes dans les années 50) où tout le monde se connaît.

J’ai aimé que Madeleine reste mystérieuse : pourquoi est-elle tombée amoureuse d’un autre homme au Cameroun ? Quels étaient ses rapports avec son mari ?

J’ai adoré les leitmotivs du récit : les robes que Madeleine coud elle-même ; le chapeau pointu que sa fille porte pour sortir, et que tout le monde appelle La petite chinoise ; la girafe que Sophie mâchonne sans cesse ; les pluies du soir qui durent la nuit ; la chanson Ce soir j’attends Madeleine dont quelques strophes reviennent ponctuer le récit.

J’ai aimé cette femme qui, si elle n’était pas jolie dixit sa propre mère, a su développer une prestance et un maintient digne des stars hollywoodiennes de l’époque.

J’ai refermé ce roman en regrettant de ne pas avoir connu Madeleine.

L’image que je retiendrai :

Celle des soirées de la femme du Délégué qui réunit tout le microcosme français expatrié.