amour, Irlande
Je ne suis pas fan des lectures tournant autour des amours adolescentes ni des étudiants à l’université. Ce roman cochait toutes les mauvaises cases, et pourtant.
Avec un style hyper descriptif (« Il prend son café à 11h38 » par exemple), ce n’était pas gagné non plus.
Mais j’ai accroché à ses deux personnages dont l’une Marianne est une écorchée et l’autre, Connell, fut un des garçon en vue du lycée. Leur amour était improbable.
J’ai aimé leurs relations chaotiques sans pourtant jamais se perdre de vue.
J’ai senti le poids du regard des autres, à quel point il pouvait détruire une relation.
J’ai aimé la mère de Connell qui élève seule son fils en faisant des ménages. J’ai aimé son attitude bienveillante envers lui.
J’ai aimé que l’autrice parle de la dépression de Connell sans en faire une montagne.
J’ai eu de la peine pour Marianne qui subit l’influence néfaste de son frère Allan sans que sa mère intervienne.
J’ai aimé ses deux personnages de leur temps.
L’image que je retiendrai :
Celle de la voiture de Connell (lui seul possède une voiture dans ce roman) comme un refuge.
Etats-Unis, policier
Ne vous y trompez pas : Duchess Day Radley est une hors-la-loi, une rebelle.
J’ai eu de la peine pour cette jeune fille qui doit s’occuper de son petit frère Robin, car leur mère n’a pas d’emploi fixe et préfère boire de l’alcool jusqu’à vomir sur la pelouse.
J’ai aimé Walk qui tente d’aider Duchess et son frère en remplissant parfois leur frigo.
J’ai aimé le grand-père Hal qui ne tente pas d’amadouer Duchess, qui reste stoïque face à sa colère.
J’ai adoré Dolly, l’amie de Hal, qui prend Duchess sous son aile.
J’ai aimé l’ami malgré elle de Duchess, Thomas Noble le garçon à qui il manque un bras.
J’ai aimé l’énigmatique Vincent King, libéré après 30 ans d’emprisonnement pour avoir tuer la petite soeur de Star, la mère de Duchess.
Les patronymes sont tellement criant qu’ils m’ont fait sourire : le méchant s’appelle Darke, le gentil Walk…
J’ai adoré la révélation finale que je n’avais pas vu venir, et j’ai aimé que le roman s’ouvre et se ferme sur l’arbre généalogique de Duchess.
Une gamine prête à tout qui ne laisse pas indifférent.
L’image que je retiendrai :
Celle des noeuds de couleur dans les cheveux de Duchess, comme un attachement à l’enfance malgré sa revendication de hors-la-loi.
1939-1945
La narratrice est la fille de Lucie, une célèbre propagandiste nazi française.
Enfant, la narratrice s’interroge sur le gynécée formée par sa mère, sa tante, sa grand-mère : l’ambiance est joyeuse mais certaines phrases sont dites à mots couverts.
J’ai aimé suivre la progression des découvertes de la fille de Lucie sur sa mère : pourquoi ce gynécée ? pourquoi certains prénoms sont dits à voix basses ?
Et puis qui était Friedrich ? Petit à petit l’autrice éclaire le passé de sa mère un peu fantasque qui fait fit du code de la route dans sa vielle 2 CV ; emmène ses enfants à l’école quand elle y pense.
J’ai aimé découvrir la vie de Lucie pendant l’Occupation, deviner son métier de propagandiste, la voir partir aux Etats-Unis quand le vent tourne, apprendre qu’elle va se remarier et comment elle va élever ses enfants.
Découvrir l’oncle Raphaël qui se sera bien servit pour se meubler dans les appartements vides ; qui créera un célèbre festival Mozart sur la côte d’Azur pour faire oublier sa collaboration.
J’ai découvert une femme, Lucie, pour qui la vie s’était arrêtée en 1944 à la mort de son amour Friedrich (devenu Frédéric).
J’ai eu de la peine pour celle qui vivra par la suite sa vie au Subjonctif2 allemand : comme si.
J’ai aimé que le récit soit mené tambour battant, m’entrainant à la suite de la vie de Lucie sans temps morts.
Mais je dois avouer que je pense qu’il ne m’en restera pas grand chose d’ici quelques semaines.
Une citation :
Et là où le français emploierait un conditionnel, à la façon du langage des enfants qui se figurent des mondes imaginaires, avec le subjonctif2 on reste perché dans le délire sans jamais en redescendre. (p.182)
L’image que je retiendrai :
Celle de Lucie se résolvant à brûler les affiches de propagande qu’elle a aidé à créer.
le Mal
En refermant ce roman, j’ai ressenti comme un malaise et je me suis longtemps demandé pourquoi.
J’ai à la fois eu de la peine pour le personnage principal à qui la gendarme veut faire endosser la responsabilité du naufrage ; et en même temps je l’ai détesté de ne s’en tenir qu’à son professionnalisme.
Elle explique que le Mal c’est la mer ; je pense plutôt que c’est ce détachement professionnel qui lui a été demandé (et qui nous est aussi demandé dans notre métier) qui est cause du drame. (Un peu, toute proportion gardée, comme Hannah Arendt reprochait son professionnalisme froid à Eichmann).
J’ai trouvé dans ces pages le même système de défense de la part de la narratrice pour ne pas se laisser submerger par l’aspect humain du drame.
J’ai été gênée par la gendarme qui ressemble à la-dite narratrice. L’explication viendra dans la dernière partie du roman.
J’ai aimé que la gendarme cherche dans la vie de la jeune femme une explication à son mensonge, comme un acte-miroir qui pourrait expliquer le drame.
Une lecture qui m’a fait réfléchir et qui ne m’a pas laissé indifférente.
L’image que je retiendrai :
Celle des deux silhouette en fin de roman qui marche sur la plage vers la jeune femme.
femme, Nigeria
Après l’épopée des fabricants de tabac dans Leur âme au diable, l‘auteur met ne lumière l’absence de droits des femmes au Nigeria et les méthodes commerciales douteuses d’un fabriquant de bières.
J’ai suivi avec intérêt aussi bien le flic rétrogradé qui cherche à faire la lumière sur le double meurtre de deux jeunes filles non identifiées ; que la journaliste blanche et française qui se rend au Nigeria pour une enquête pour Le Monde et The Guardian ; que le commercial hollandais qui a trouvé le bon filon pour vendre la bière de son Groupe.
J’ai aimé que l’auteur me laisse ressentir le climat du pays, la partition entre le le Sud avec sa capitale Lagos, et le Nord où personne n’ose s’aventurer.
L’auteur a mis en lumière la corruption endémique à tous les niveaux de la société, permettant, entre autre, le trafic des femmes.
Tout le talent de l’auteur, encore une fois, est mis à contribution pour éclairer un pan de l’économie mondiale toujours resté dans l’ombre.
L’image que je retiendrai :
Celle des couleurs rouge et or de la bière First qui colonisent toute la ville, y compris le Nord islamique.