Celles qui attendent, roman

Fatou Diome

Flammarion

  • 22 mars 2011

    Un roman plaisant

    Dans les départs, souvent le projecteur éclaire ceux qui partent, rarement ceux qui restent. Fatou Diome a eu la prescience de s’intéresser à « celles qui restent » en chien de faïence dans leur pays, osant à peine imaginer ce qui peut arriver à leurs fils partis si loin… Elle nous décrit avec beaucoup de tendresse leur vie quotidienne, leurs angoisses, mais aussi leur espoir inconsidéré de voir un jour revenir leur aimé les bras emplis de richesse, nous offrant ainsi de magnifiques portraits de femmes.

    - Fatou Diome n'hésite pas à poser les bonnes questions en peignant le quotidien misérable de ces hommes et de ces femmes qui n'ont pas d'autres choix que de subir cette situation que d'autres plus puissants se plaisent à faire perdurer.

    « Seigneur ! Qu’on nous cache les yeux ! Voir ce que la pauvreté fait des humains est une torture infligée à l’âme. » (p. 152)

    « Devraient entrer en résistance tous ceux qui sont d’accord pour dire qu’il n’est pas éthique de vider l’Afrique de sa force humaine. Que l’Europe, avec ses cyniques accords de partenariat, fasse de l’Afrique sa bétaillère de réserve n’est pas acceptable ! » (p. 241)

    Ce que j’ai moins aimé :

    - Fatou Diome écrit avec tellement de facilité et de fluidité qu’elle finit par en jouer et j’ai trouvé dans ce roman qu’elle avait « sur-écrit », de la même façon que les acteurs « sur-jouent »… Au lieu d’aller à l’essentiel et de dire les choses simplement, elle les répète différemment plusieurs fois, leur adjoint des comparaisons, des métaphores qui allongent considérablement le propos.

    « Ce que les gens appellent l’éternité, qu’ils s’imaginent telle une ligne de mire lointaine, n’existe pas. La véritable éternité, c’est un bref instant, volé à la vacuité du quotidien, où, soudain, une intense beauté se concentre et s’ancre si profondément en nous que le temps à venir ne peut en éroder le souvenir. L’éternité, c’est cette pleine présence à soi et aux autres lors de ces moments inoubliables. Si le corps se laisse ruiner par le temps, il existe en nous des endroits où la beauté ménage un espace hors d’atteinte. (…) » (p. 285)

    J’ai souvent perdu le fil de la narration au détour de ces considérations, au point, souvent, de passer des lignes pour plus vite retrouver nos chères héroïnes…


  • Conseillé par
    4 novembre 2010

    par céline

    je viens de finir ce livre qui parlent de femmes de caractère au quotidien au Sénégale. Fatou Diome parle d'un sujet sensible puisqu'il s'agit d'immigration clandestine, elle nous livre un point de vue important, celui de celles et ceux qui le vivent, celui que nous avons finalement tendance à oublier, assis au chaud dans le fond de notre canapé!

    Bien sûr l'hexagone en prend pour son grade, mais c'est finalement un jugement assez juste. C'est un livre à lire pour oser voir ce que l'on ne veut surtout pas savoir! Néanmoins, elle ne condamne pas, n'est pas sentencieuse et la trame du roman reste l'amour, un amour au prix élevé, un sacrifice pour beaucoup de ses femmes : "ceux qui nous oublient, nous assasinent" et pas seulement ceux qui partent! Bonne lecture


  • Conseillé par
    9 juillet 2010

    Avec « celles qui attendent», Fatou Diome nous fait partager l’intimité, le quotidien de ces femmes. Femmes courageuses, femmes de caractère et « parce qu’elles savent tout de l’attente, elles connaissent le prix de l’amour.» Un prix élevé fait de sacrifices.

    Fatou Diome, c’est d’abord une écriture exceptionnelle. Chantante comme le fleuve Sénégal, véhiculant un phrasé riche comme une belle musique. Musique dont le tempo s’accorde, se modifie selon la vie des iles du Sénégal. Une écriture qui a la force de l’Atlantique en colère pour s’indigner ou dénoncer.

    Pas de jérémiades ou de complaintes, Fatou Diomé décrit avec une verve ardente les travers des situations économiques de ce monde. Quand elle parle de son pays c’est toujours avec amour et avec le recul qui lui permet de pointer du doigt les failles. De son écriture coulent beaucoup de constats amers ou remplis de sagesse mais toujours très justes.

    Ce livre est un hymne à ces femmes et on ne peut que se sentir humble et respectueux devant elle.

    Un très gros coup de cœur !