Territoires amoureux

Article paru le 8 août 2010 dans les DNA sur le livre et l'auteur.

Directeur du Galet, le centre social et culturel à Hautepierre, Louis Schalck vient de publier son 3ème roman, intitulé « Territoires amoureux » aux Editions L'Harmattan.
Un récit sensible et émouvant autour d'une question cruciale : quelle est la dernière personne que l'on emportera dans son coeur au moment de mourir ?
Né à Strasbourg, Louis Schalck a poursuivi ses études de sciences humaines dans la région. Mais il est aussi un grand voyageur : l'Amérique du Sud figure dans ses « territoires » favoris. J'ai passé quatre mois au Pérou et en Bolivie. Homme multiple, il est à la fois « écrivant de nuit », comme il se définit, et directeur du Galet, le centre social et culturel de Hautepierre depuis quatre ans.
Une expérience professionnelle et humaine dont il s'était d'ailleurs inspiré dans son roman « Les Passerelles » en 2008. L'autofiction est une forme que j'apprécie particulièrement. Et puis, le fait de travailler dans un quartier comme Hautepierre m'a fait prendre conscience de l'importance, et de la difficulté parfois, de trouver sa place dans un espace donné. Enfin, les espaces imaginaires sont aussi très importants pour se construire une identité.
Qui se souviendra de nous ?
Dans son dernier opus, « Territoires amoureux », il explore le questionnement existentiel d'un homme victime d'un accident de la route. Cet accident de la vie, c'est un peu sa « petite madeleine » à lui ! Son immobilité physique est l'occasion d'une vivacité mentale sans précédent. Léo Wolf, la quarantaine séduisante, se plonge alors dans les méandres de son itinéraire amoureux.

Quelle sera la personne dont il se souviendra dans ses derniers instants, celle qui l'aura marqué dans sa vie, au point d'être là aussi au moment précis de sa mort ?
A cette interrogation, cet incorrigible Don Juan a bien du mal à répondre.
En italiques, le monologue intérieur livre les états d'âme, et d'amour, du personnage. Sorte d'analepse en pointillés, cette écriture de l'instantané (au sens photographique) dit le parcours sentimental quelque peu chaotique d'un homme d'aujourd'hui. Style oralisé parfois, flux d'une conscience en recherche. De l'Autre. D'elle-même. C'est l'histoire d'un personnage certes, mais c'est aussi l'histoire d'un sentiment.

Réminiscence d'idylles passées, de prénoms féminins envolés. Nos vies présentes sont gouvernées très souvent par les morts et ce qu'ils nous ont laissé. Laura, le premier amour, celui de la passion des corps et de la maladresse des coeurs. Typhanie, et l'entrée dans l'âge adulte, la découverte du monde et les projets d'avenir.

Avec Clémence, l'amour se solde par la mort... Naissance, vie, finitude : à travers l'évolution du sentiment amoureux, c'est toute la destinée humaine qui se trouve exprimée dans ce bref récit.
Un cadre, l'Alsace
L'auteur file la métaphore « territoriale » : les membres de sa famille deviennent des territoires de chair, de sang et de ronflement, (si) familiers et si étranges. Authenticité d'une écriture à la fois très quotidienne et poétique. Je ne m'attarde pas sur une situation narrative, j'aime que cela soit vif, rapide.

Les chapitres sont courts, le style se rapproche de celui de la nouvelle. Le portrait des personnages est brossé en quelques traits saillants.
L'essentiel semble ailleurs.

Aucune de ces femmes ressurgies du passé ne correspond à la quête de Léo Wolf : trouver « la » personne de sa vie- et de sa mort. Il retrouve alors une photo de sa mère, une Alsacienne « Malgré elle » en 1940.
Chute inattendue, où la vie et la mort se rejoignent. J'ai voulu donner comme cadre celui que je connais le mieux : l'Alsace, son histoire, ses lieux. Ce n'est pas un roman régionaliste pour autant, il a une portée universelle...
S. S.