Apparitions à Lourdes
EAN13
9782845922464
ISBN
978-2-84592-246-4
Éditeur
Archipel
Date de publication
Collection
Spiritualité chrétienne
Nombre de pages
250
Dimensions
22,5 x 14 cm
Poids
325 g
Langue
français
Code dewey
232.917
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DU MÊME AUTEUR

Foi et cultures au tournant du nouveau millénaire, avec le cardinal Paul Poupard, CLD, 2001.

Dictionnaire des miracles et de l'extraordinaire chrétiens (sous la direction de), Fayard, 2002.

Petite vie du Padre Pio, Desclée de Brouwer, 2003.

Histoire du Mont Saint-Michel, Perrin, 2005.

Les Phénomènes extraordinaires de la foi, Desclée de Brouwer, 2006.

Enquête parmi les voyants, Éditions de Paris, 2007.

Dictionnaire des « apparitions » de la Vierge Marie, avec René Laurentin, Fayard, 2007.

L'Église face aux miracles, Fayard, 2007.

Histoire de la vie monastique, Desclée de Brouwer, 2008.

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eISBN 978-2-8459-2473-4

Copyright © Presses du Châtelet, 2008.

À ma collaboratrice Isabelle, sans quice livre n'aurait pas vu le jour.

À Philippe Wallon et à toutes celles etceux qui m'ont soutenu et me soutiennentavec persévérance et patience.

Introduction

Parce que c'est à Lourdes qu'une jeune fille, Bernadette Soubirous, a affirmé « voir » la Vierge à dix-huit reprises au cours de l'année 1858, la ville est devenue le troisième lieu de pèlerinage du monde chrétien, après Rome et Guadalupe, à Mexico, où Marie serait apparue à l'Indien saint Juan Diego en 1531.

Lourdes accueille actuellement entre six et sept millions de visiteurs par an, ce qui constitue un record dans notre civilisation matérialiste et rationnelle, voire rationaliste. Comment comprendre un tel phénomène ?

Pour les croyants, Lourdes est avant tout le symbole de la présence de la Vierge sur terre, à travers ses manifestations « visuelles » vécues par sainte Bernadette, mais c'est aussi un espace de guérison physique, psychique et spirituelle. Si, depuis 1858, seules soixante-six guérisons furent authentifiées par l'Église catholique, nombre de personnes ont revendiqué néanmoins, depuis cette date, des « grâces » corporelles ou morales obtenues au sanctuaire, disparitions inexpliquées de pathologies graves ou conversions intérieures. Selon certaines sources, le nombre total de guérisons « inexpliquées » s'élèverait ainsi à plus de sept mille.

S'agit-il là de « miracles », au sens où l'entend la théologie catholique, ou de phénomènes physiologiques encore inexpliqués ? Tandis que les thèses s'affrontent, le nombre de pèlerins venus des cinq continents ne cesse de croître et, parallèlement, la somme bibliographique consacrée aux apparitions de Lourdes, à la « petite Bernadette », aux enquêtes, aux guérisons et à l'histoire du sanctuaire compte aujourd'hui des centaines de titres, en français et en langues européennes. Ces ouvrages couvrent plusieurs champs du savoir : histoire du catholicisme, de la spiritualité, des mentalités populaires et du folklore – en particulier pour la fin du XIXe siècle –, mais aussi histoire politique et histoire des institutions françaises. Enfin, ces documents concernent aussi l'anthropologie religieuse, la psychologie, la psychiatrie, et même la littérature de piété, étudiée en détail depuis 1858.

Ainsi, l'histoire de Lourdes est celle d'un succès populaire, médiatique et littéraire, mais cette « réussite » est légitimement interrogée. D'une part, la disproportion est manifeste entre la popularité grandissante du sanctuaire, à l'échelle mondiale, et le statut confidentiel, presque marginal, où le confinent aussi bien l'Église que le monde universitaire ; d'autre part, les apparitions de Lourdes ne sont pas un cas unique, isolé ni exceptionnel dans l'histoire du christianisme, puisqu'elles ne font que s'inscrire dans une chronologie très dense des manifestations de la Vierge Marie depuis le Moyen Âge, d'abord à travers l'Europe catholique, puis un peu partout dans le monde. On compte ainsi, depuis les débuts du christianisme, des milliers de témoignages de communications visuelles et auditives avec la mère de Jésus de Nazareth – même si, à ce jour, les autorités catholiques n'ont reconnu que quatorze apparitions en tout et pour tout !

Lourdes s'inscrit donc dans une longue chaîne historique des apparitions de Marie. Si les premiers siècles de notre ère n'ont laissé que de lacunaires témoignages sur ces phénomènes, plus de 2 400 récits d'apparitions ont tout de même pu être recensés jusqu'à présent, la plupart d'entre eux datant du Moyen Âge, entre le Xe et le XVe siècle. Or, les sources les plus anciennes présentant toutes les caractéristiques de narrations légendaires, on en conclut qu'elles avaient pour fonction essentielle d'édifier les fidèles, plutôt que de rendre compte des événements de manière rigoureuse, comme nous avons l'habitude de le faire aujourd'hui. Cette abondance de témoignages impose donc un tri très rigoureux. Par exemple, pour la seule année 1858 et pour le seul dioc èse de Tarbes, il est fait mention d'une cinquantaine d'apparitions, dans le sillage direct de Lourdes. Naturellement, aucune d'entre elles n'a été prise au sérieux par l'évêque du diocèse, à qui il revient de statuer en la matière. Cette épidémie visionnaire ne présente d'ailleurs qu'un intérêt documentaire assez restreint...

Les apparitions lourdaises occupent toutefois une place centrale au cœur du XIXe siècle, période de renouveau religieux après les nombreuses difficultés – religieuses, mais aussi politiques et culturelles – rencontrées par le siècle des Lumières, la Révolution française et le Premier Empire. À partir de 1820, et jusqu'au dernier tiers du XIXe siècle, la France connaît ainsi une succession d'apparitions mariales : parmi les plus célèbres, citons l'apparition à sainte Catherine Labouré en 1830, en la chapelle de la rue du Bac, à Paris, l'apparition à La Salette, dans les Alpes, en 1846, ou encore celle de Pontmain, en Mayenne, en 1871.

La tradition catholique considère ces apparitions comme des faits spirituels – des « charismes », ou dons « surnaturels » – au service de tous les croyants ou d'une communauté religieuse précise, mais, qu'il s'agisse d'apparitions de la Vierge, d'un saint, d'un « ange » ou même du Christ – hormis, bien sûr, celle relatée dans les Évangiles –, elles ne sont en aucun cas objets de foi. En d'autres termes, elles n'appartiennent pas au credo que les fidèles récitent chaque dimanche pendant la messe, et demeurent une sorte de non-lieu aux yeux des autorit és de l'Église, les singularités de la vie religieuse n'ayant une portée spirituelle et humaine que pour celles et ceux qui prétendent en profiter. Ces faits marginaux n'ajoutent rien à la « Révélation publique », achev ée, selon la tradition catholique, à la mort du dernier apôtre. Apparitions et révélations privées ne font qu'évoquer ou, au mieux, éclairer cette Révélation, mais elles restent une expression particulière des évangéliques à un moment donné de l'histoire des hommes. Par conséquent, on peut être un bon catholique sans croire un instant aux apparitions de Lourdes, de Fatima ou d'ailleurs.

En revanche, la sainteté de Bernadette Soubirous, la « voyante » de Lourdes, a été officiellement reconnue par les autorités ecclésiastiques. Les fidèles sont donc autoris és à lui rendre un culte public et à lui demander son intercession auprès de Dieu afin que leurs demandes soient entendues et satisfaites par Lui – sous une forme « miraculeuse » ou non.

Précisons enfin, pour dissiper toute confusion, qu'il n'existe pas de lien entre les apparitions à une personne et la sainteté dite canonique – c'est-à-dire officiellement reconnue – attribuée à cette même personne. Ainsi, ce n'est pas pour avoir « vu » la Vierge Marie que sainte Bernadette a été élevée sur les autels, mais pour avoir mené une vie exemplaire au regard de la foi et des vertus chrétiennes. De même, saint François d'Assise, au XIIIe siècle, fut canonisé, non pour avoir été le premier à porter les stigmates, mais bel et bien parce qu'il avait été un chrétien remarquable.

Le petit village de Lourdes était-il prédisposé à une telle renommée ? Comment les apparitions mar...
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