Isabelle S.

Conseillé par (Libraire)
20 janvier 2009

A l’occasion d’un voyage scolaire à Weimar, ville de Goethe et de Schiller, le narrateur, professeur d’allemand, se trouve au Musée de Buchenwald face à une photographie qui retient son attention. : un déporté, dont les traits lui rappellent ceux de son père, observe le médecin du camp.
Cette ressemblance n’est pas une anodine coïncidence, mais le début pour lui d’une enquête qui le conduira à l’élucidation d’un terrible secret de famille.
Il trouve très vite l’identité du prisonnier, David Wagner, son véritable grand-père, assassiné par le docteur Wagner, son homonyme, l’homme qu’il regarde sur la photo.
L’enquête commence alors vraiment. Qui était David Wagner, comment est-il mort, qui étaient ses bourreaux ? Quelle a été la place de ce jeune juif dans la très riche et influente famille Fabre ?
Le narrateur creuse les failles de l’histoire familiale, remonte le temps, reconstitue ce que le silence et les non-dits ont tenté d’occulter, lui laissant ainsi en héritage les peurs terribles de l’enfance et une violence intérieure qu’il ne comprend pas.
Le roman se fait parfois documentaire – biographies des protagonistes, reconstitution impressionnante de l’enfer de Buchenwald –, parfois chronique familiale, banale et terrifiante à la fois, avec ses mensonges et ses haines, ses amours clandestines, la folie que l’on tait et le rang que l’on doit tenir.
Roman sur le Mal, L’Origine de la violence est un grand texte. Après l’avoir accompagné dans sa quête de la vérité, on ne peut que saluer la profondeur de la réflexion et l’absolue sincérité de Fabrice Humbert.

Conseillé par (Libraire)
20 janvier 2009

On pourrait demain les croiser rue de Siam, cours Dajot ou sur le port. Les personnages de Paris-Brest, le dernier roman de Tanguy Viel sont gens ordinaires, d’une banalité qui nous fait sourire… et nous donne froid dans le dos :
Le père, ancien vice-président du Stade Brestois, accusé d’être à l’origine d’un trou dans les caisses du club.
La mère, serre-tête en velours et après-midi de bridge, froide, incapable de tendresse, de ces femmes qui s’attachent à tenir leur rang, à défendre leur réputation quoi qu’il arrive.
La grand-mère, devenue l’héritière d’un plus vieux qu’elle parce qu’elle lui a donné le bras pour descendre les marches du Cercle Marin.
Le fils Kermeur, le petit voyou, la mauvaise graine, qui depuis l’enfance entraîne le narrateur dans ses mauvais coups.
Un mauvais coup particulièrement réussi donne à Louis la liberté de quitter Brest pour Paris, une belle liasse de billets dans son sac, au moment même où ses parents, partis cacher leur honte à Palavas-les-Flots, reviennent dans le Finistère après des années d’ «exil ». Car il fallait qu’il s’en aille, Louis, pour échapper aux humiliations, aux non-dits. Pour devenir quelqu’un, un écrivain peut-être, faute d’être doué pour le football.
Dans une petite chambre avec vue sur le Jardin du Luxembourg, Louis a écrit son roman. Cent soixante-quinze pages qu’il emporte dans le train qui le ramène à Brest, le 20 décembre 2000 : « Tout le monde devrait faire le point sur son histoire familiale, ai-je pensé, particulièrement un 20 décembre, c’est-à-dire un jour où il est important d’être soutenu dans l’épreuve d’aller passer Noël en famille, y compris les gens qui se disent heureux d’y aller, tandis qu’au fond d’eux-mêmes, comme tout le monde ils rêvent d’écrire un roman sur leur propre famille, un roman qui en finit avec ça, les veilles de Noël et les parenthèses mal fermées. »
En refermant le livre, on se dit que Tanguy Viel l’aime vraiment, cette ville « qu’on dit avec quelques autres la plus affreuse de France, à cause de cette reconstruction malhabile qui fait des courants d’air dans les rues, à cause d’une vocation balnéaire ratée [...] à cause de la pluie souvent, de la pluie persistante que ne savent compenser les grandes lumières du ciel ».
Par la maîtrise du style, l’humour, l’habileté de la construction, il signe là son meilleur roman et une belle réflexion sur la littérature.

Conseillé par (Libraire)
18 novembre 2008

Lilian débarque à New York en 1924, fuyant la Russie où sa famille a été massacrée lors d’un pogrom. Elle trouve refuge dans un appartement miteux et comme tant d’autres s’emploie à faire des travaux de couture. Pas longtemps. Elle est seule, ne possède rien que son corps et sa jeunesse : elle va s’en servir, simplement, sans état d’âme, déterminée à construire une nouvelle vie dans un nouveau pays malgré les cauchemars qui la poursuivent.
Quand elle apprend que sa petite fille est peut-être encore vivante quelque part en Sibérie, elle n’a plus qu’une idée en tête : la retrouver. Des . immeubles crasseux du Lower East Side à la nature sauvage de l’Alaska, du théâtre yiddish aux cabanes des trappeurs du Yukon, ce roman généreux raconte avec une bonne dose d’humour et sans complaisance le voyage d’une jeune immigrante, ses rencontres, entre danger et réconfort furtif, amitié et crime. Un très beau portrait de femme et une plongée passionnante dans l’Amérique des années vingt.

Conseillé par (Libraire)
18 novembre 2008

Annie, 12 ans, et son petit frère, William, sont les témoins bien involontaires d’un meurtre alors qu’ils cherchent un bon coin pour pêcher. Le problème, c’est que les assassins les ont vus et se lancent leur poursuite. Le problème, c’est qu’ils sont des retraités de la police de Los Angeles et que le shérif, dépassé par les événements, leur confie l’enquête sur la disparition des enfants.
Jess, un vieux rancher au bord de la faillite chez qui ils ont trouvé refuge, décide de les croire et de les protéger.
L’évocation de ce coin perdu de l’Idaho est puissante, les portraits psychologiques des protagonistes convaincants. Difficile de lâcher ce très bon polar avant la fin, il peut valoir à l’amateur une nuit blanche !