Conseillé par
5 novembre 2010

original

C’est un roman atypique complètement surprenant de par le thème abordé et par sa structure originale tout à fait en harmonie avec l’écriture et le délire qui nous submerge de page en page.

L’auteur nous entraîne, nous tire par la main, dans sa maison du bonheur qui bientôt se révèle la maison du malheur. Le lecteur est complètement pris au piège de cette folie qui s’installe de plus en plus profondément, des éclats de lucidité parfois nous redonne du souffle, les pages tournent, défilent de plus en plus vite, hypnotisé par ce spectacle ahurissant de cette femme piégée dans sa maison, prisonnière de sa voix qui lui fait faux bond et avec son petit vélo dans son cerveau, qui roule, roule…

Tout se chamboule, elle s’invente des films, puis se reprend, sans pourtant ressentir de la peur ou de l’angoisse, ce roman est digne d’un Stephen King non par le registre mais par cette magie, cette force, car comme lui elle sait ensorceler le lecteur ne laissant aucune chance de refermer le livre avant la fin.

C’est stressant presque envoûtant, la folie s’annonce mine de rien, petit à petit on se pose des questions puis les questions ne se posent plus , et à partir de là, on plonge en plein dans le délire, c’est tout à fait fou ! J’ai adoré ce roman ! Complètement dément, surprenant, il m’a fait penser au film “vol au-dessus d’un nid de coucou” non par l’histoire mais par cette folie qui gagne le personnage, luttant malgré tout mais fini par sombrer tout à fait.

Des scènes "délirantes", j’ai bien aimé par exemple la réception affublée de sa robe jaune canari, et son téléphone orange gros format année 70 qu’elle fourre dans un sac plastique

C’est ainsi tout le long du roman, des épisodes saugrenus, parfois effrayants, décalés, tantôt drôles ou émouvants, des catastrophes en chaîne. Toutefois on ressent sa douleur et sa force de rester malgré tout à la surface, s’occupant de sa petite fille, ces petites accroches de la vie de tous les jours lui permettant de ne pas se jeter par la fenêtre. C’est une double sensation de ressentir cette souffrance à vive, et sa volonté de survivre. On la sent si seule dans cette douleur et son délire, tentant de se rapprocher de son sous-locataire mais en vain, car la paranoïa ne peut que lui faire barrage.

Ce n’est pas qu’une histoire de folie, mais aussi celle une vie qui bascule du jour au lendemain, quand le chômage, la solitude, le désœuvrement vous atteignent vous faisant basculer vers un monde totalement imprévisible.

Un roman tout à fait réussi, original qui sort des sentiers battus et rerebattus, pour un premier roman je dois dire que je suis tout à fait conquise par cette originalité.

8,86
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18 octobre 2010

Une petite histoire vite lue

Un livre qui a reçu plusieurs prix bien mérités, une histoire courte qui nous plonge dans le quotidien d'une femme ordinaire sur une île de rêve. Une écriture fluide et agréable, en ombre portée laissant la lumière sur la métamorphose d'Eleni, pour nous offrir l'envol du papillon d'un genre peu apprécié par la gente matcho : une femme émancipée.

Le cadre de l'histoire est sublime, on sent la chaleur du soleil, et la douceur de ces îles. Les personnages sont attachants et sont chacuns comme une pièce de l'échiquier qui avance prudemment jusqu'à la victoire finale.

Le personnage du professeur me semble le plus intéressant dans toute cette histoire, cet homme lui a choisi la littérature pour toute compagne combien on peut le comprendre ! Ne sommes nous pas aussi un peu dans son cas, fuir quelques instants la réalité ou la banalité pour nous plonger dans nos lectures, ce bateau aux mille destinations vers des contrées les plus riches et les plus palpitantes que n'importe quel autre voyage.

Un petit roman charmant, qui se lit quasi d'une traite, pour un bain de soleil qui déjà nous manque, une escapade autour des cyclades pourquoi pas me direz vous ! Une petite partie d'échecs, sur ce point de vue, n'ayez crainte, Eleni nous dévoile les facettes stratégiques mais sans être trop techniques ni pesantes. L'auteur a su nous intriguer sur cette passion dévorante de cette joueuse sans nous encombrer l'esprit avec l'aspect puriste des joueurs d'échecs. Un parfait compromis s'établit, nous permettant d'attiser notre curiosité pour tout ignorant en la matière.

21,74
Conseillé par
18 octobre 2010

Touchant

L’histoire est touchante sous une plume délicate mais alerte, sachant nous emporter dans les méandres de deux peuples en perpétuel duel. A travers l’histoire de Miral, l’auteur nous retrace la tragédie conflictuelle Palestine-Israël. A la recherche d’une paix durable, des choix déterminants ne sont pas faciles ni nombreux : éduquer les enfants dans l’espoir d’un avenir meilleur ou lutter et prendre les armes. Miral se trouve confrontée et tiraillée par ce dilemme. Son courage et sa détermination ne seront pas toujours suffisants pour faire entendre raison à son père et sa protectrice - maman Hind.

Ce roman m’a appris beaucoup sur ce conflit, sans la moindre sensation de lecture documentaire ou journalistique.

Chèvre feuille étoilée

17,25
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18 octobre 2010

Original

Ce roman m’a bousculée plus d’une fois au cours de ma lecture. M’interrogeant si j’étais bien lucide, si j’étais bien dans le sillage de l’auteur, et si et si…

Puis les : “ pourquoi” pointèrent leur nez : pourquoi la petite Jeanne ceci, et pourquoi le frère de Jeanne l’amie de Jeanne s’accapare de son corps, pourquoi personne ne comprend rien au point que même le lecteur doute de ses capacités à élucider cette histoire d’amies au même prénom.

Plus d’une fois, j’ai tenté de savoir si c’était vraiment la Jeanne épanouie qui narrait ou si c’était l’autre Jeanne en souffrance.

Un vrai labyrinthe dans la psychologie de ces deux personnages se mirant dans un même miroir, des coins d’ombre à scruter, des rayons de lumière à nous éblouir pour mieux nous aveugler tout à fait.

La construction m’a fait penser à un château de cartes. Les fondations posées, l’édifice petit à petit s’érige se fragilisant de plus en plus au cours de son élévation. On ressent au cœur de cette histoire la faille dans laquelle l’auteur tente de nous engouffrer, on résiste et persiste à rester sur le droit chemin, tenant le fil d’Ariane fermement. En vain, la dernière carte à poser pour ne pas dire à abattre, et tout s’écroule dans un fatras d’émotions intenses. Une seule carte et tout s’éclaire malgré l’édifice à terre.

A lire ce roman c’est comme gravir une montagne, besoin de faire des haltes, reprendre haleine tout en contemplant le paysage, une pause durant laquelle on médite notre cheminement puis on continue vaillamment l’ascension. Le sommet n’est plus très loin, on ressent déjà qu’il nous réserve une surprise. Dans les entrelacs de notre chemin parcouru se devine une fin inattendue, surprenante. L’arrivée est éminente, nous accueille dans la splendeur du panorama : le vrai coup de maître !

Il n’est pas de mise de vous raconter l’histoire au risque de vous gâcher le plaisir du suspense, il est préférable de vous laisser admirer le jeu dans toute sa finesse et sa grandeur et vous serez tout comme moi éberlués par cette talentueuse construction originale et cette histoire remarquablement bien menée sans jamais faiblir.

Un roman comme je les aime, rare dans leur conception, intriguant par leur jeu de cache-cache, puissant par leur chute, inoubliable par cette intense émotion qui nous chavire même le livre terminé.

Je suis restée plusieurs heures étrangement bizarre après la fin, ce livre m’a fait le même effet que le roman sublime ‘tout contre” de Florence Gros, pourtant d’un genre différent mais tous deux m’ont littéralement bluffée me donnant la folle envie de reprendre le livre au début… j’adore ce genre de roman atypique, unique, magique, complètement déboussolant, nous prenant dans cette folle danse, tout chavire, emporté dans un kaléidoscope, quand la dernière page arrive, la magie opère tout devient clair, net et le film se rembobine à toute vitesse !

un seul mot pour conclure : Sublime !

J’ai omis de vous parler de sa plume, tout à fait magnifique, j’aime cette légèreté poétique mine de rien qui se faufile dans les pages, ces ambiances si bien définies, alors que la tension et le malaise montent crescendo, d’un coup nous offre une ouverture sur un coin plus paisible… et chantonner les petites comptines qui s’effeuillent au fil des chapitres, en plus je les ai toutes chantées, car ce sont des classiques que tout le monde a chanté un jour ou l’autre enfant ou à ses enfants, voire ses petits-enfants… (Dans sa maison un grand cerf regardait par la fenêtre, un lapin venir à lui, et toquer ainsi. Cerf, Cerf, ouvre-moi, ou le chasseur me tuera, lapin, lapin entre et viens, me serrer la main…)

Conseillé par
12 octobre 2010

Lecture prenante et palpitante

Peu de chose à rajouter après avoir lu le mot de l’éditeur, si ce n’est que ce fut une lecture prenante, impressionnante et palpitante. On se pose souvent la question : est-ce que le hasard fait bien les choses ? Souvent, oui mais parfois , non … c’est donc dans ce jeu de coup double, que Claire va cheminer avec son destin, à coup de dé, à coup de roulettes, à coup de bulles, à coup de clics, à coup de chance, d’intuition..

Le hasard finira-t-il par lui imposer sa nouvelle vie.

Il lui faudra faire son chemin de croix pour comprendre finalement qu’on ne peut pas refaire une vie sans avoir fait place nette à l’ancienne. Je dois dire, que l’histoire suscite beaucoup d’interrogation sur le destin, et si… et Si… et SI,SI,SI autant de conditionnel pour un futur lointain et un présent incertain, pour une jeune adolescente, c’est toute une montagne à surmonter avec toute sa culpabilité en bandoulière, et son chagrin à chaque instant qui la tiraille.

A lire la lettre suivante, qui m'a déchirée, on comprend dans quel état se trouve Claire :

Page 66 : Maman, tu sais que je suis restée ta petite fille. J’ai seize ans, mais au fond de moi, j’ai toujours eu peur que tu m’abandonnes. Tu m’as abandonnée ? Tu m’as laissée seule sur la terre ? Comment je vais faire pour réussir toute seule à comprendre le monde ? Comment je vais grandir sans toi ? Sans tes bisous au creux de mon cou, sans ta lumière qui s'éteint après que j’ai claqué la porte les soirs où je rentre tard, sans savoir que je compte raiment pour quelqu’un ? Aide-moi, Maman …

j’admire le courage de cette fille, si jeune être confrontée à tant de souffrance, devoir avancer avec ce lourd fardeau tout en espérant devenir autre, seule face à son destin.

Un Road movie, passionnant à l’écriture fluide et agréable.

Pourtant je mets un petit tout petit bémol quant à la crédibilité parfois de l'histoire de cette gamine mais comme dit Georges Perec :"tout portrait se situe aux confluents d'un rêve et d'une réalité", même si ce rêve était plutôt un cauchemar, alors gardons toujours en mémoire qu'un roman, reste un roman avec sa part d'infini, de réalité, de rêves et de fiction dans un doux mélange de possibles chemins.

Ce livre malgré le côté dramatique, nous donne l’envie de voyager, de bousculer notre vie, peut-être provoquer le hasard…