sandrine57

Lectrice compulsive d'une quarantaine d'années, mère au foyer.

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1 octobre 2012

C'est une immense bâtisse, une vielle maison qui prend l'eau de toute part et dont la chaudière menace d'exploser. Colmater, rénover, réparer, investir, Max n'a plus les moyens de faire face à de telles dépenses et pourtant il ne veut pas lâcher l'affaire. C'est ici qu'il a crée, il y a quelques années la Maison des Bons Soins, une belle idée qui a fait long feu et dont il ne reste presque plus rien. Même lui a cessé de voir des patients, s'éloignant de plus en plus de son métier de psychologue. Pourtant, il se sent bien dans cette maison, c'est le nid dans lequel ses amis viennent se faire une petite place quand l'envie leur en prend, autour d'un thé et d'un bon gâteau.

C'est l'endroit où tous les mercredis soirs, Jean-François, Judith, Sarah et les autres, se réunissent autour d'un bon repas suivi d'une séance de leur ciné-club. Dans le salon, un bon feu de bois crépite et chacun s'émerveille devant les trésors du cinéma américain des années 30, 40 ou 50. C'est Jean-François, le spécialiste qui, une fois par semaine, régale son petit monde de comédies cultes ou de sublimes raretés. Le petit groupe vit ainsi, au rythme des séances et, même si Judith souffre du désamour de son mari, si Muriel n'arrive pas à quitter son amant, si Catherine accumule les liaisons malheureuses, si Max ne sait que faire pour conserver la maison, ensemble ils profitent de ces petits moments de bonheur, ils s'épaulent, ils se tiennent chaud.

Quel bonheur ce roman! C'est un cocon dans lequel on se love avec délice. Ici, tout n'est que douceur, tendresse, amitié, malgré le temps qui passe, malgré les coups durs, les bobos, les aléas de la vie. Il faut bien avouer qu'il ne s'y passe rien ou presque rien mais de petites histoires de coeur qui tournent mal en moments d'extase devant une pépite du 7è art, on se prend à aimer les personnages, à sourire ou à pleurer avec eux, à s'y attacher tellement qu'on voudrait s'en faire des amis et qu'on se voit freiner la lecture pour ne surtout pas les quitter.
Il y a dans ce roman tellement d'amour, de magie, de subtilité qu'on en prend une petite part en le lisant. Alternant moments graves et joies partagées, Francis DANNEMARK nous livre une délicieuse chronique qui fait chaud au coeur, qui rend heureux tout simplement...

Conseillé par
1 octobre 2012

Une nuit, Charles BERTIN rêve de Thérèse-Augustine. Cette apparition de sa grand-mère, des années après son décès, lui donne envie d'écrire au sujet de cette petite dame qui enchantait ses étés lorsqu'il était enfant.

Une maison au fond d'un jardin où s'ébattent les merles et les grives, où poussent les mûriers, et sur le pas de la porte, une femme tendre et vive, sa grand-mère Thérèse-Augustine. Voilà comment commençaient les deux mois d'été que passait le petit Charles dans la ville de Bruges. Si le jardin était un territoire de découvertes sans fin, si les jours de pluie, le grenier de la maison dévoilait ses trésors, c'est avec Thérèse-Augustine que Charles vivait ses plus belles aventures. Ensemble, ils découvrent Jules Verne, ils explorent Bruges, ils partent pour la côte à vélo. Frustrée d'avoir été retirée de l'école très jeune par un père qui privilégiait l'avenir de ses fils, Thérèse-Augustine, toujours avide d'apprendre, entraîne son petit-fils vers les contrées du savoir, de la connaissance et l'amour de la vie, avec pour seul précepte que si l'on croit suffisamment en ses rêves, ils finissent par se réaliser.
A chaque page, on ressent la tendresse, l'amour, la complicité qui unissaient la vieille dame et le petit garçon. Avec beaucoup de poésie et toute la force de son affection, Charles BERTIN rend un vibrant hommage aux souvenirs de l'enfance, à une grand-mère exceptionnelle et à une ville de toute beauté.

Auzas, Lilian

Léo Scheer

18,40
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29 septembre 2012

Depuis que plus jeune il a vu un documentaire sur Arte, Leni Riefensthal n'a cessé d'apparaître de loin en loin dans la vie de Lilian AUZAS. Ces clins d'oeil du destin lui laisse penser qu'il doit se pencher sur le parcours de celle qui fut la cinéaste préférée d'Adolphe Hitler. Sans la juger ni la disculper, AUZAS cherche à comprendre comment cette femme passionnée par son art succomba au charisme du führer...

Da sa jeunesse où, contre l'avis de son père, elle se lança dans une carrière de danseuse, jusqu'à ses vieux jours qu'elle consacra à la photographie, Leni Riefenstahl vécut par et pour l'art. Danseuse, comédienne, réalisatrice, photographe, elle fit tout avec une passion rageuse et quasiment maniaque. Mais celle qui avait suffisamment de génie pour briller au firmament des plus grands réalisateurs, s'est laissée aveugler par une autre de ses passions, celle qu'elle vouait à Adolphe Hitler, le seul capable de redresser la nation allemande après la défaite de 1918. Décrite comme ambitieuse, arriviste, monstre d'égoïsme, "La Riefenstahl" m'est surtout apparue comme une femme volontaire, pugnace, véritablement "habitée" par ses projets, une de ces artistes qui ne voient pas que le monde s'effondre autour d'eux tellement ils sont pris dans leur oeuvre. Est-elle pour autant une brebis innocente? Pas tout à fait puisqu'elle savait que le régime en place pourchassait les juifs, massacrait les polonais... Et pourtant, c'est au service de ce régime qu'elle a employé son génie. C'est là qu'apparaît toute l'ambivalence du personnage...Elle sait, mais préfère ignorer ce qui dérange sa sensibilité. Elle impose ses amis juifs sur ses tournages, continue de les fréquenter, se compromet même dans une boutique juive...En fait, elle s'accommode des atrocités en tout genre du moment qu'elle n'est pas personnellement concernée.
Lilian AUZAS nous livre un portrait sans préjugés mais qui nous interroge sur tout un peuple qui a admiré, adoré et suivi un homme, impressionné par son charisme et ses promesses, faisant fi de ses délires.

Editions de Fallois

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28 septembre 2012

Été 1816. Napoléon est prisonnier à Sainte-Hélène et sa plus virulente ennemie, Germaine de Staël est en exil en Suisse, dans son château de Coppet. En France, Louis XVIII règne mais la Chambre,ultra-royaliste, accapare le pouvoir et les Alliés ( Angleterre, Prusse, Autriche) occupent le territoire militairement. Sur les bords du lac Léman, Mme de Staël s'inquiète pour un pays qu'elle aime et que son père, Necker, a aimé avant elle. Avec son groupe d'amis, des genevois pour la plupart, et sa proche famille, elle décide de monter "La mort de César", une pièce de Voltaire.

Sous couvert d'un simple divertissement, elle entend comparer César et Napoléon et démontrer que la tyrannie de l'Empereur était finalement un moindre mal comparée à tout ce qu'il a apporté à la France. La femme éprise de démocratie et de libertés ne supporte pas le régime en place et, la farouche opposante,qu'elle fut, en vient à défendre le célèbre exilé. Elle entend d'ailleurs rédiger un pamphlet pour appeler les parisiens et les français à ne pas oublier Napoléon et ses bienfaits.

Bienvenue chez Mme de Staël! A Coppet ou à Paris, la femme de lettres, intellectuelle brillante, reçoit les grands du monde. Politiques, écrivains, militaires, poètes,tous se bousculent à sa porte pour parler du destin de la France, débattre de politique, remuer des idées nouvelles. Et Germaine de Staël relate les faits, petits et grands, dans des lettres,jamais envoyées, qu'elle adresse à "My Dear Duchess", Claire de Duras, comme elle, femme de lettres ayant quitté Paris. C'est cette intimité que nous fait découvrir Erik EGNELL dans un texte écrit avec le plus grand soin. Dans la peau de Mme de Staël, il manie la langue française comme elle l'aurait fait elle-même. Termes désuets, tournures alambiquées, imparfait du subjonctif....rendent la lecture difficile. Non, Un été à Coppet n'est pas un page-turner! Il faut lire attentivement chaque mot, chaque phrase pour bien assimiler et comprendre. 212 pages à peine mais qui demandent le temps de déguster un style riche, ampoulé parfois, qui ne fait plus partie de nos habitudes de lecture.
Ces quelques mois dans la vie d'une femme d'envergure manquent tout de même d'un petit quelque chose pour nous la rendre attachante... Brillante, sûre de son fait, elle apparaît trop souvent comme imbue d'elle-même, froide, seule détentrice de la vérité et ses rares moments de faiblesse (une pointe de jalousie quand une poètesse approche de trop près son compagnon, par exemple) ne suffisent pas à faire d'elle une femme aimable, malgré ses qualités d'hospitalité et son sens de l'amitié.
Un livre difficile d'accès et qui nécessite des connaissances historiques préalables pour comprendre les sous-entendus, les non-dits et le contexte politique de l'époque.

Whitmer, Benjamin

Éditions Gallmeister

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27 septembre 2012

Douglas Pike a pas mal roulé sa bosse et n'a pas fait que le bien autour de lui. Ses méfaits font dorénavant partie du passé, il est revenu dans l'Ohio, à Nanticote, sa ville natale où il vit de petits boulots, toujours accompagné de Rory, un jeune paumé qui rêve de devenir boxeur professionnel. Leur train-train est sérieusement chamboulé le jour où débarque Wendy, la petite-fille de Pike, qui vient de perdre sa mère, Sarah, victime d'une overdose. Pike est la seule famille qui lui reste et il décide de la garder avec lui, même si a priori la gamine a l'air du genre teigneux et difficile. Tout aurait pu en rester là sans l'intervention de Derrick Krieger. Ce flic, violent et corrompu, s'intéresse de trop prêt à Wendy. C'en est assez pour Pike qui décide d'aller à Cincinnati, regarder de plus près comment Sarah est morte.

Du noir, du très noir pour ce premier roman de Benjamin WHITMER dans lequel on plonge en apnée vers les profondeurs de la bassesse humaine. Les hommes sont rudes, durs au mal, cyniques, violents et n'hésitent pas à tuer celui qui viendrait faire obstacle à leurs plans. Les filles se droguent, se prostituent pour payer leurs doses. Les flics ont la gâchette facile, sont dealers ou proxénètes. A Cincinatti, dans les squats où cohabitent SDF, poivrots et drogués, une femme même morte peut servir à prendre du plaisir et un cadavre ne repose pas en paix tant que son odeur n'alerte pas les autorités. Dans les rues, les flics tirent à vue sur les dealers qui travaillent pour eux et qui auraient eu l'inconscience de grapiller une petite part du magot. Dans les bois, les vétérans du Vietnam revivent cent fois leur guerre dans des campements de fortune. Tout n'est que violence brute et animale.Celui qui croit avoir connu le pire sait que le pire est encore à venir, l'espoir n'existe pas...
Grâce à une écriture sobre et efficace, des chapitres courts et incisifs, on dévore ce roman âpre et sombre mais on tourne la dernière page avec soulagement, c'est si bon de respirer à nouveau!
Une très belle découverte que je recommande vivement au lecteur suffisamment armé pour supporter toute cette misère humaine.