Yv

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Je lis, je lis, je lis, depuis longtemps. De tout, mais essentiellement des romans. Pas très original, mais peu de lectures "médiatiques". Mon vrai plaisir est de découvrir des auteurs et/ou des éditeurs peu connus et qui valent le coup.

suivi de Ceux qui construisent les bateaux ne les prennent pas

Zulma

18,98
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30 novembre 2014

Un huis-clos sur fond de vengeance. La tension monte crescendo, pour nous lecteur, parce qu'on ne connaît pas le motif de l'enlèvement ni les relations entre Fannie et Freddie, l'homme agressé. Ce n'est que petit à petit que Fannie s'explique, que Freddie (ne) comprend (pas) les raisons de son geste.

Une nouvelle ou un court roman d'à peine 90 pages qui se déroule aux Etats-Unis, dans une ville sinistrée par la fermeture de l'aciérie locale. Pourtant cette usine et les gens qui y ont travaillé ont construit le pays, oubliés maintenant, victimes pour beaucoup du capitalisme outrancier et de la spéculation. "Elle dit : Je te parle de ceux qui ont l'argent et le pouvoir. Les tout-puissants. Les tout-permis. Ceux qui ont atteint les sommets de ce qu'on appelle la réussite. Ceux qui sont au-dessus de tout. Mais comment. Comment ils ont fait pour arriver là-haut, si haut ?... En écrasant les autres. C’est comme ça qu'ils font. Ils les piétinent. Ils leur marchent sur la tête, ils leur passent sur le corps. Et les cadavres s'accumulent sous eux. Des tas et des tas, sur lesquels ils continuent de grimper. Grimper, grimper, grimper. Tu peux être sûr que plus ils s'approchent du ciel, plus ils ont de morts sous leurs godasses." (p.59/60) Un roman noir social, en plein dans l'actualité de la crise et de la vie difficile pour les plus pauvres qui continuent à s'appauvrir alors que les riches n’ont jamais été aussi riches. Un roman rapide, aux phrases courtes qui va à l'essentiel sans oublier les personnages, fictifs mais sans doute très réels pas dans leur jusqu'au-boutisme, mais dans leurs difficultés à surmonter l'échec d'une vie ou au contraire dans leur manque d'empathie envers les plus faibles voire même leur mépris.
Ce roman est suivi d'une nouvelle d'une soixantaine de pages, intitulée Ceux qui construisent les bateaux ne le prennent pas. Les deux textes se répondent, ont un contexte similaire, même si ce dernier se déroule à La Seyne-sur-Mer, ville natale de Marcus Malte. La Seyne-sur-Mer était connue pour ses chantiers navals abandonnés depuis des années. Depuis, cette ville populaire -c'est rare dans le coin- des bords de la Méditerranée a du mal à se reconstruire. Le souvenir des chantiers est très vivace, on y travaillait de père en fils ; les fils d'aujourd'hui sont au chômage. C'est là que travaille Ingmar Perhsson, flic, qui depuis vingt-sept ans cherche à comprendre la mort de son seul ami, Paul, tué d'un coup de P 38, à l'âge de 14 ans. Il déambule en ville, tente de comprendre et de s'occuper pour que son mal-être ne le submerge pas. Un texte dans la lignée du précédent avec un héros de polar type, blasé, mal dans sa peau, solitaire.
Dans ces deux textes, Marcus Malte nous balade dans des villes ouvrières à la reconstruction ardue qui laissera beaucoup de gens sur le côté. Pas gai, bien sûr, mais franchement bien vu, et l'écriture de l'auteur nous emmène jusqu'au bout de ses deux histoires sans qu'on ait vu passer le temps.

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30 novembre 2014

Ce roman n'en est pas un puisque c'est une histoire vraie dont on a beaucoup parlé dans le sud-est de la France, région dans laquelle toute cette histoire s'est déroulée mais que personnellement je découvre grâce à ce livre. Sylvie Matton ne pouvait que s'en emparer tant elle est elle-même imprégnée de Rembrandt, elle a écrit Moi, la putain de Rembrandt en 1998 et était l'épouse de Charles Matton, réalisateur -entre autres- du film Rembrandt, sorti tout juste quelques semaines après le vol du tableau (elle a cosigné le scénario).

Livre construit en deux parties, la première de l'enfance jusqu'au vol et la seconde du vol jusqu'à la restitution programmée du tableau. La première partie s'étend sur Patrick, le voleur et sa famille. Père violent, deux sœurs plus âgées, une mère battue. Patrick est un solitaire qui peut s'enfermer de lui-même dans un placard pour ne pas entendre ni voir la violence dans la maison. Le père est ancien combattant de la guerre d'Algérie, ancien de l'OAS qui n'hésite pas à décrire les tortures auxquelles il a participé. Alcoolique, les seuls moments de tranquillité des siens sont quand il est au travail ou quand il s'endort après une cuite de plus. Aussi lorsque sa mère l'emmène au musée de Draguignan, Patrick se sent attiré par le petit tableau de Rembrandt ; il entre dans le tableau autant que l'inverse Cet enfant avec la bulle deviendra son confident, une sorte d'ami imaginaire qui sera présent souvent sur son épaule. Sylvie Matton insiste sur la difficile relation père/fils, sur les dialogues entre Patrick et l'Enfant. Quand son père mourra, Patrick malgré tout ressentira un vide profond qui lui fera franchir le pas du vol.
La seconde partie est la paranoïa qui s'installe chez Patrick puisqu'il doit conserver un tableau de maître chez lui, mais dans le même temps, il s'épanouit, fait du sport s'extériorise, se marie et alors la paranoïa augmente puisqu'il doit cacher à sa femme l'existence du tableau ainsi qu'à son fils qui naîtra quelques temps plus tard.

L'écriture de Sylvie Matton est plaisante, limpide, très documentée sur la vie de Rembrandt et de son voleur. Elle n'est néanmoins pas exempte de quelques longueurs et il faut s'habituer à d'incessants allers-retours entre la vie présente de Patrick, son passé et le parallèle (assez judicieux) avec la vie du peintre dans la première partie. La seconde partie est davantage axée sur les effets de la possession d'une telle toile chez soi, sur le présent de la vie du voleur. La fin de la première partie m'a un peu perdu, mais le début de la seconde m'a retrouvé enthousiaste, plus intéressé par cet aspect de l'histoire de Patrick avec le tableau. C'est mieux ainsi, au moins, je reste sur une belle impression.

Nouvelles voix du Caine prize

Zulma

21,85
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30 novembre 2014

Recueil de nouvelles donc qui met en avant la variété de la littérature africaine et qui est un bon moyen de la découvrir si on ne la connaît pas.

- Snapshots de Noviolet Bulawayo : un récit à la deuxième personne de la vie d'une petite fille zimbabwéenne, qui obéit sagement à sa mère et à son père. L'inflation terrible que subit le pays met, du jour au lendemain, les gens les plus pauvres dans une précarité encore pire. C'est une belle histoire, pas forcément gaie, mais pleine d'inventions langagières qui donnent un ton léger même lorsque l'auteure critique sévèrement la société de son pays, lorsqu'elle raconte le décalage entre les élites et le peuple, ou la difficulté d'être une fille -qui n'accède pas aux études contrairement aux garçons même si elle en a les capacités et pas son frère- ou une femme -qui subitement peut tout perdre, mari, maison, enfants : "A la télé, le beau monsieur blanc avec ses cheveux de femme (celui qui n'arrive pas à dire Zimbabwe et dit à la place Zeembaymbey) vient tout le temps et dit, Pays du tire-moonde, le Zeembaymbey é contraiiin d'aaadopteer démesuuur drahs-tique à faim de main tenir emplasson pouvouaar, é c'est si toi hein... deuveuront copéré. Tu l'écoutes et tu te demandes, c'est quoi au juste le pouvouaar ? Ce serait pas avec ça qu'on frappe les gens ? Et c'est quoi le tire-moonde ? Ca existe quelque part, le pousse moonde ?" (p.16)

- Hunter Emmanuel de Constance Myburgh : Hunter Emmanuel est un ex-flic qui vit de petits boulots. Ce matin-là, il est bucheron lorsqu'il découvre, dans un arbre une jambe de femme. Il fera en sorte de retrouver celle à qui elle appartient pour comprendre comment sa jambe s'est retrouvée retenue aux branches. Hunter Emmanuel est un enquêteur classique, fatigué, blasé, seul mais opiniâtre, à la sauce africaine. Une nouvelle policière originale et plaisante qui met le doigt sur des dysfonctionnements de la société : déforestation, pauvreté qui oblige à des actes insensés.

- America de Chinelo Okparanta : une jeune femme rêve d'Amérique. Elle veut rejoindre son amie déjà émigrée pour faire des études sur l'environnement et revenir pratiquer au Nigeria, pour notamment empêcher les marées noires à répétition dues au pétrole exploité sans souci de la nature, mais dans un souci de bénéfices maximum. Belle nouvelle qui, encore une fois parle de la difficulté de vivre dans une société toujours régie par les traditions et les croyances : difficile de vivre son homosexualité au Nigéria : "Les unités mobiles de la police étaient à l'affût de ce genre de choses -des hommes avec des hommes ou des femmes avec des femmes. Et les condamnations étaient sévères. Prison, amende, lapidation ou fouet, ça dépendait de l'endroit où on se trouvait au Nigéria quand on se faisait prendre. Et à tous les coups, ça faisait les gros titres. L'humiliation publique." (p.82)

- Miracle de Tope Follarin : une nouvelle plus légère qui se déroule au Texas (l'auteur y a grandi) sur les prédicateurs, les faiseurs de miracles, la religion vue comme un pilier de la vie. Le tout est de croire pour que le miracle existe. Plus légère, la chute (les trois ultimes mots) est très drôle, mais elle peut donner à réfléchir sur le sens de la croyance et sur l'acceptation de l'autre.

- Jours de baston de Olufemi Terry : on suit un jeune garçon spécialiste des combats à un ou deux bâtons, à un contre un, un contre deux ou deux contre deux. Une nouvelle violente tant par sa description des combats que par le sort des enfants des rues qui, pour se nourrir fouillent les décharges ou volent. La violence est leur quotidien, ils l'érigent en maître étalon du respect qu'ils portent à autrui ou qu'autrui leur porte. Une écriture puissante et forte, efficace.

- La république de Bombay de Rotimi Babatunde : Sergent de Couleur Bombay revient dans sa ville natale du Nigéria après avoir combattu sur le Front Oublié de Birmanie ; intégré dans l'armée anglaise, il a fait partie des offensives qu'icelle a mènés contre les Japonais qui marchaient vers l'Inde, sur le territoire birman, en 1945. Sergent de Couleur Bombay qui tient son nom de sa participation au conflit s'installe dans l'ancienne prison de sa ville et y fonde la République de Bombay dont il sera l'unique Président, citoyen, votant. Une nouvelle réjouissante avec un personnage haut en couleurs qui me fait furieusement penser à un roman que j'ai lu et qui traitait du même sujet, mais dont j'ai oublié le titre. Pas grave, c'est une nouvelle qui, tout en parlant de sujets sérieux, sait être légère et parfois drôle.

JC Lattès

32,89
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30 novembre 2014

Mais qu'est-ce qui m'a pris de prendre ce bouquin ? Le résumé sans doute, l'éditeur et le traducteur dont j'aime bien les romans ? Dès le début, je me suis perdu dans les noms des personnages, les liens entre eux (et pourtant ils sont clairement indiqués en première page, à la manière d'une pièce de théâtre pour les plus importants d'entre eux). Oui, mais non content de créer plein de personnages principaux, l'auteur en ajoute d'autres et à chaque fois les introduit avec des détails sur leur vie. C'est souvent inutile, fastidieux et long, très long. Il rajoute ainsi une foultitude de faits qui ne concernent pas l'enquête, qui au contraire l'alourdissent et me font perdre le fil. Dès les premières pages, j'ai passé des paragraphes, alors je ne me sentais pas d'en lire presque 400... Allez, je ferme sans regrets.

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30 novembre 2014

Une jeune femme qui n'a pas connu la guerre, bien ancrée dans son époque veut oublier la Shoah, mot qui l'agace et qu'elle entend prononcer souvent dans sa famille. Et pourtant tant de choses la ramènent à cette époque, l'histoire de sa famille d'abord.

Livre découvert grâce au club de lecture de la librairie Lise&moi. Je n'ai rien compris à ce bouquin. Je ne sais absolument pas où l'auteure veut nous emmener, ni ce qu'elle veut démonter. Confusion et incompréhension furent les mots-clefs de mon impression de lecture. Je ne saurais en dire plus parce que je manque d'arguments, ayant abandonné avant la fin ce livre totalement abstrus. Langage moderne, fille dans son époque, je dois être trop vieux...